Le Select’Art fraîchement inauguré à la gare de Saignelégier propose une réflexion philosophique

Le tout nouvel automate de la gare propose aux passants de multiples œuvres à deux, cinq ou dix francs. Les pièces ont été pensés et confectionnés par 27 artistes de tous horizons. Ce distributeur automatique a été inauguré mercredi soir à la gare de Saignelégier.
Le distributeur automatique d'oeuvres d'art a été inauguré et mis en service mercredi soir.
Le distributeur automatique d'oeuvres d'art a été inauguré et mis en service mercredi soir.

Le distributeur automatique d'oeuvres d'art a été inauguré et mis en service mercredi soir.

© BIST/Olivier Noaillon

Rachel Prêtre
Rachel Prêtre
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Ils sont amateurs, professionnels ou semi-professionnels. Tatoueurs, graphistes, graveurs, peintres, illustrateurs, caricaturistes et bien d’autres exposent et proposent dès à présent seize œuvres chacun dans le Select’Art. Le distributeur fraîchement inauguré se trouve dans un lieu qui lui sied parfaitement: la gare du village. Il est destiné à y rester pour une durée indéterminée.

Art et distribution automatique

À travers un distributeur automatique de gare, l’équipe de la Hopscène pose des questions et souhaite nourrir une réflexion ouverte autour de l’art et de la valeur qu’on lui confère. Qu’est-ce qu’une œuvre d’art? Comment se développent l’art et la culture dans un monde capitaliste? À qui l’art est destiné? Dans ce projet, des Œuvres littéralement "à deux balles" sont disponibles dans un distributeur automatique; symbole de l’industrialisation et de la société de consommation. "C’est cette dualité qui est intéressante" souligne Jérôme Gogniat, programmateur de la Hopscène.

Valeur de l’œuvre

À travers ce moyen de distribution, l’art et la culture sont disponibles pour tous et non restreints à certaines classes sociales privilégiées et aux musées.

Le caricaturiste Pitch Comment et plusieurs autres ont osé pousser le concept.

Alors qu’un portrait de Gustav Klimt vient de se vendre plusieurs dizaines de millions d’euros à Vienne, le Select’Art a quant à lui pour ambition de dépouiller l’art de sa valeur marchande et permettre au quidam d’acheter une œuvre au prix d’une branche de chocolat. Cette caractéristique du distributeur met en exergue la subjectivité du prix de l’œuvre par rapport à sa valeur réelle. "Évidemment que toutes ces productions valent mieux que deux balles", lance Jérôme Gogniat.

Diversité appréciée

Les artistes ont rivalisé d’originalité et de créativité dans le cadre de ce projet. Le caricaturiste Pitch Comment et plusieurs autres ont osé pousser le concept de l’art bon marché jusqu’à proposer des oeuvres sur rouleaux de papier toilette. Un autre a enfermé dans des fioles de la poudre de calcaire véritable du Jura et offert trente secondes d’un morceau de musique disponible en ligne aux heureux propriétaires des fioles. D’autres encore ont créé des cadres photos miniatures dans des boîtes d’allumettes ou des cachets magiques "guérissant même l’hypocondrie". Cette diversité a été largement appréciée par les nombreuses personnes venues assister au vernissage.

Elisa Guerdat, artiste participante, a tout de suite adhéré au projet lorsqu’on lui a proposé: "C’est une façon de soutenir l’art, c’était personnellement épanouissant et je suis heureuse d’avoir découvert et rencontré d’autres artistes" témoigne-t-elle. Julien Guélat, enfant du Noirmont établi à Fribourg, a a dessiné un côté de la machine. "Ça s’est fait aujourd’hui même, à l’improviste" sourit l’artiste qui par chance, avait embarqué ses feutres. Ce profil propose lui aussi une réflexion sur le capitalisme et les systèmes pyramidaux "mais pas de façon protestataire, c’est vraiment du second degré" indique l’artiste.

Le Select'Art se présente comme un distributeur automatique standard.
Samantha Formaz, Victoria Suppan, Julie Humbert, les frères Jérôme et Yvan Gogniat (de g. à d.) forment le comité des arts visuels de la Hopscène. Ils sont les organisateurs du Select’Art.
Dans son discours, Jérôme Gogniat a présenté le projet et tracé plusieurs pistes de réflexions autour de l'art.
Julie Humbert, membre du comité des arts visuels de la Hopscène, a présenté les 27 artistes participant au projet.
Le Quotidien Jurassien

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